À Lodève, le programme Quartiers de Demain prend une portée particulière : la ville concentre toutes les vulnérabilités contemporaines — vacance, tissu ancien fragile, quartier prioritaire enclavé, friches industrielles, risques d’inondation, pression climatique. Mais Lodève possède aussi ce que beaucoup ont perdu : un paysage puissant, une topographie lisible, une mémoire productive, des récits habités.
L’étude menée par Urbastudio, Nommos et Ingerop repose sur une conviction simple : Lodève n’a pas besoin d’un projet plaqué, mais d’une stratégie qui réactive ses ressources profondes. Ici, le paysage devient l’infrastructure première : il organise les mobilités, régule le climat, porte les continuités du quotidien. Retourner la ville sur ses rivières, c’est rétablir son système vital : fraîcheur, biodiversité, espace public, lien social.
Le travail de terrain, les ateliers citoyens et les arpentages sensibles révèlent une matière sous-estimée : ruelles fraîches, jardins intérieurs, friches textiles, ateliers, moulins, berges oubliées. Le projet ne cherche pas à ajouter : il cherche à réparer, relier, clarifier.
Au cœur du quartier prioritaire, cette approche transforme un secteur enclavé en cœur fertile du territoire, où les usages du quotidien, les équipements et les mobilités trouvent un nouvel ancrage.
La stratégie s’appuie sur quelques gestes structurants : réouvrir et mettre en valeur les berges de la Lergue et de la Soulondres, réactiver les friches, recomposer les espaces publics, apaiser les mobilités, adapter le logement.
Elle place au centre une notion forte : le droit à la rivière — un bien commun à partager entre habitants, nature et ville, dans ses crues, ses humeurs, ses usages et ses fêtes.
À Lodève, la sobriété n’est pas un renoncement : c’est un choix politique. La ville se reconstruit depuis ses forces réelles — son paysage, son histoire productive, ses habitants. Le projet fait de Lodève un laboratoire national, capable de montrer comment transformer la vulnérabilité en capacité d’action, et comment “faire ville autrement” à l’heure des transitions climatiques.
